" L'esprit, dit-on aussi, souffle où il veut, mais il est difficile de percevoir la caresse de la brise la plus légère.
Si je n'avais été prédestiné au Secret d'Or, sans doute eussé-je fini comme l'ébauche d'un grand peintre massacrée dans les mains d'un barbouilleur.
L'arrogance de la Modernité en son triomphe banal me sauva.
Pour retrouver la juste voie,il suffisait en somme non de contredire mais de subvertir tous les signes connus et inconnus qui eux-mêmes avaient été subvertis.
Ainsi, face à l'uniformité, à l'égalité et à l'éphémère retrouvais-je l'unificence, l'équité et l'éternité dont le temps, comme le disent les platoniciens, n'est que l'image mobile.
Mais une plus grande détresse alors me submergea de voir que ces Idées, naguère encore gracieux fantômes argentés, n'étaient plus du tout de ce monde et qu'ils appartenaient de droit et de fait aux régions hauturières de la Nostalgie.
Hélas, c'en était fini, elles ne viendraient plus visiter nos demeures anonymes.
C'était à nous, maintenant, de briser les amarres et de passer de l'autre côté, à nous d'aller ravir ces belles endormies, avec les roses du dernier été de l'Empire, dans le tain des miroirs "
Extrait de " Le secret d'Or" , Luc-Olivier D'Algange