samedi 30 mars 2019

Tu es parti ...


" Ignorants de leur ombre, et ne sachant de mort que ce qui s'en consume d'immortel au bruit lointain des grandes eaux, ils passent, nous laissant, et nous ne sommes plus les mêmes. Ils sont l'espace traversé d'une seule pensée " 
Saint-John Perse, Oiseaux ...


Tu es parti debout
Le temps frôlant tes membres amaigris
Tu es parti debout
Fidèle à toi-même et riche de tes souvenirs
Et moi, Ta Fille
J'arrondissais mon écoute pour que tu n'aies pas peur
Je souriais à tes notes d'humour
Soupirs silencieux parfois à tes innombrables conquêtes
Tu es parti charmeur
Complimentant chaque femme qui entrait dans ta chambre
L'oeil espiègle et le souffle un peu plus court qu'à l'accoutumée
Tu es parti et j'ai l'âme triste
L'oiseau messager est venu se poser près de la fenêtre
Seul ou accompagné
Nous avons à chaque fois croisé nos regards
Tu es parti comme tu le désirais
Ce que tu ignorais, c'est que le Bal du Rat Mort serait au rendez-vous
Ostende Ma Belle disais-tu ...
Comme à Ostende et comme partout dirait Ferré
Tu es parti ta casquette de jockey en main et la dignité en bandoulière
Une paire de pantoufles près de tes pieds nus
Snoppy en peignoir sur tes chemises bleues
Et j'ai aimé ce choix 
Tu retrouvais une mimique que je ne te connaissais pas aux dernières gorgées de coca
Santé Papa
Ultimes moments de complicité
Et puis vint la dernière nuit
Je suis restée près de toi
T'ai regardé dormir
La mort déjà était au rendez-vous
Tu m'as pris la main 
Je t'ai rassuré
Ai mis ma peine en sourdine pour t'accompagner
Et puis 
...
Le dernier matin
...
Les dernières heures
...
La dernière heure
...
La dernière demi-heure
...
Les derniers instants ...
...
Tu as posé ta main sur la mienne et nous avons accueilli l'endormissement
...
Et la mort est venue
...
Fidèle au rendez-vous 
...
Implacable 
...
J'apprivoise peu à peu l'irrémédiable absence
...
J' entre au profond du mot convalescence 
...
Ces instants comme une profonde initiation 
...
" Ignorants de leur ombre, et ne sachant de mort que ce qui s'en consume d'immortel au bruit lointain des grandes eaux, ils passent, nous laissant, et nous ne sommes plus les mêmes. Ils sont l'espace traversé d'une seule pensée " 
...
Et je t'accompagne en d'autres lieux
...
J'apprends le langage du silence
...
J'apprends ton absence 
...
J'apprends l'invisible de ta présence
...



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