Dixième Nuit Sainte-Du 2 au 3 janvier - Gémeaux
La région des Gémeaux est liée avec la
Hiérarchie des Séraphins ou Esprits du Tout-Amour. Un reflet terrestre de
l'impulsion macrocosmique d'Amour qu'ils représentent dans l'Univers est le mythe
grec des jumeaux Dioscures, Castor et Pollux. D'après ce mythe, Castor est le
fils de Léna et du roi Tyndare, et Pollux, le fils de Léna et de Zeus. C'est
pourquoi Pollux possède l'immortalité, et Castor, la mort. Ils entrent ensemble
en confiit avec les Apharides qui leur étaient apparentés, et conquièrent
auprès d'eux le troupeau de taureaux que ceux-là avaient ravi.(23) De plus,
Castor meurt dans la bataille, de la main d'un des Apharides. Pollux, par amour
pour son frère, est prêt à sacrifier pour lui son immortalité, et prie Zeus de
lui envoyer la mort. Alors Zeus, en récompense de leur amour fraternel, place
les deux Dioscures au Ciel, en en faisant la constellation des Gémeaux. Afin
d'estimer à sa juste valeur les soubassements occultes de ce mythe, ii est
nécessaire de rappeler quel était de façon plus générale l'état d'âme des
anciens Grecs, en ce qui concerne des phénomènes tels que la mort et
l'immortalité. Cet état d'âme consistait en le fait que plus que tout au monde,
les anciens Grecs estimaient la forme parfaite du corps humain, qui les dota
d'une prise de conscience forte et claire d'eux-mêmes, de la Moi-conscience.
C'est pourquoi la mort, qui a détruit cette forme, et ensemble avec elle la
Moi-conscience dans sa forme terrestre, était pour les anciens Grecs le plus
grand mal, avec lequel ils n'ont jamais pu se réconcilier. "Nous avons en
l'hellénisme" – dit Rudolf Steiner, "une humanité qui a le plus aimé
et estimé la forme extérieure du corps physique, et qui a passé par toute la
tristesse pouvant être traversée, .lors de sa destruction dans la mort",
de sorte que l'hellénisme "attribuait la plus haute valeur à la forme
extérieure du corps physique en tant que forme extérieure du Moi... [et c'est
pourquoi] le Grec disait : j'apprécie tellement fort mon moi, que ce n'est
qu'avec horreur que je regarde ce qui advient avec le moi après la
mort..." Et c'est "tout à fait grec, quand le héros dit : 'être
plutôt un mendiant dans le monde d'en haut' – c'est-à-dire avec la forme corporelle
humaine – 'qu'un roi dans le royaume des ombres'..." (GA 131,
9.10.1911).(2V) A partir de ces paroles il se dessine en toute, clarté le
caractère du rapport des Grecs envers le problème de la mort, et également
envers l'immortalité, qui, au sens de ce qui a été dit, fut pour eux le suprême
des biens terrestres que l'on pouvait s'imaginer. C'est pourquoi sacrifier à
partir de l'amour son immortalité au bénéfice d'un autre être humain, fut dans
la représentation de l'antique Grèce le plus grand sacrifice dont était en
général capable l'être humain. Ainsi dans le mythe des Dioscures, nous avons
l'indication du degré suprême d'amour accessible en général, d'après les
représentations du monde antique, à l'homme terrestre. Si nous voulons à
présent y trouver un correspondant à l'époque chrétienne, alors il est
nécessaire de prendre en considération qu'à partir de la pénétration de
l'impulsion du Christ dans l'évolution terrestre, ce n'est plus l'amour fondé
sur les liens du sang (les Dioscures sont des frères ayant la même mère), mais
l'Amour purement spirituel du Christ qui est l'éveilleur vers le plus haut
sacrifice. C'est l'amour de deux amis, devenant grâce à lui non pas des frères
de sang mais des frères dans le nouvel Esprit du Christ. Il existe encore une
autre différence. Comme nous voyons, aux temps pré chrétiens, le bien suprême
pour l'homme terrestre était l'atteinte de l'immortalité. Dans le christianisme
par contre, c'est l'âme elle-même qui devient le bien suprême – c'est-à-dire le
Moi humain –, qui, en tant que porteuse de l'immortalité individuelle,(25) se
place dès le tout premier début au centre de la conscience chrétienne. C'est
pourquoi l'amour chrétien se tient infiniment plus haut que l'amour antique,
car il est capable d'accomplir le sacrifice non seulement par l'immortalité,
mais par le porteur lui-même de cette dernière, par son bien le plus précieux,
par son propre Moi, afin de le recevoir à nouveau, en tant qu'authentique et
immortel Moi, du Christ Lui-même. Cette dernière chose advient alors en tant
que résultat de la réalisation du principe fondamental de tous les authentiques
Mystères chrétiens,– "non pas Moi, mais le Christ en moi". Cet Amour
suprême, purement séraphique, nous est également indiqué par les paroles
suivantes du Christ : "Ceci est mon commandement : Aimez-vous les uns les
autres, comme je vous ai aimés. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner
sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous
commande." (jean, 15/12-lQ). Ainsi parle le Christ dans ses entretiens
d'adieu avec ses disciples. Puis Lui-même réalise cet Amour. Il en devient le
suprême modèle primordial pour tous les hommes, ayant sacrifié, en vue de
l'accomplissement du Mystère du Golgotha, les forces macrocosmiques de son
propre Moi.(26) C'est précisément de cet Amour que nous parle ensuite son plus
proche disciple et le témoin direct de tous les événements qu'il a décrits,
jean : "Nous avons connu l'amour, en ce qu'il a donné son âme pour nous ;
nous aussi, nous devons donner notre âme pour les frères... Petits enfants,
n'aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec
vérité." (I jean, 3/16 et 18)(27). En conclusion de tout ce qui a été dit
au sujet du lien de la région des Gémeaux avec la Hiérarchie des Séraphins, il
faut encore faire remarquer que de cette région s'épanchent en particulier
toutes les impulsions vers les relations sociales des hommes, vers leur
association sur la base de l'amour réciproque et de l'intérêt intérieur de l'un
pour l'autre. Dans le Macrocosme, il lui correspond l'activité des Séraphins
dans l'instauration d'actions réciproques correctes, "sociales",
entre les divers systèmes planétaires. Rudolf Steiner décrit cette activité qui
est la leur, dans les termes suivants : "Tout comme les hommes fondent un
système social par le fait qu'ils sont doués de réciprocité, de même il existe
également une réciprocité des systèmes planétaires. D'étoile fixe à étoile fixe
règne une compréhension réciproque. Par cela seul le Cosmos se forme. Ce que
les systèmes planétaires, pour ainsi dire, disent les uns aux autres à travers
l'espace d'Univers, pour devenir Cosmos, cela est réglé par les Esprits que
nous nommons Séraphins." (GA 136) 7.4.1912)
" Ouvre-toi, Être du soleil
Mobilise ce qui voudrait stagner,
Retiens ce qui veut s'élancer
Pour que la vie s'intensifie,
Pour qu'avec bonheur l'univers se saisisse,
Pour qu'en un fruit le devenir mûrisse.
O Être solaire, fais solstice ! "
Douze harmonies zodiacales, Rudolf Steiner
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